L’évolution de la relation homme-animal : l’ex du bouquetin des Pyrénées

Par Julien Canet, photographe animalier et observateur des bouquetins pour le Parc Naturel Régional (PNR) des Pyrénées ariégeoises

Le bouquetin est par essence rupicole. Malgré son adaptabilité historique à des milieux et altitudes très variés, sa composante éthologique essentielle de repli dans des zones d’accès difficile, le rendit paradoxalement vulnérable à la prédation humaine.

Dès le mésolithique, le bouquetin paraît se raréfier progressivement, cantonné à des zones de hautes montagnes. Sans doute, la pression cynégétique en fut la cause principale, mais l’anthropisation croissante (multiplication des zones d’élevage, colonisation par l’homme des pâturages montagnards) contraignit le bouquetin à se réfugier dans les zones refuges que nous connaissons depuis.

Au cours des périodes plus récentes, l’extrême précarité des populations humaines des montagnes a accentué ce phénomène, par la recherche de ressources alimentaires dans le milieu naturel. Une micro-économie se créa également dès que les grands chasseurs issus de la bourgeoisie commencèrent à s’intéresser à la prestigieuse faune de montagne.

Devant le constat d’une quasi-disparition, une prise de conscience élargie désormais à la société civile non rurale, permis de se réapproprier l’espèce. Du fait de son statut d’espèce protégée, l’éthologie globale du bouquetin tend à se modifier par sa familiarisation rapide aux activités humaines. La crainte historique de la prédation humaine semble s’être estompée.